13 JUIN

1944

Quelques témoignages concernant les événements de Juin 1944 à Givenchy, racontés par les Givenchyssois

CRASH BOMBARDIER HALIFAX / GIVENCHY-EN-GOHELLE

 Les tombes à Givenchy 
 Les autres aviateurs sont inhumés dans  le  cimetière canadien de Leubringhem (62)
 TÉMOIGNAGE  de Marie et Pierre Huleux

Pierre a 4 ans en juin 1944 mais il se souvient d’un morceau d’avion et d’une bombe tombés dans la cave de M. Cuvelier. Une autre bombe s’était enfoncée dans le pignon de la maison de Marie. Le père de Pierre qui avait voulu s’approcher de l’épave à plusieurs reprises pour essayer de récupérer des choses a été menacé par les soldats allemands qui avait interdit à tous de s’en approcher.
 TÉMOIGNAGE  de l’aviateur qui a sauté en parachute
 Récupération du parachutiste
 par l’administration allemande 

Quelques jours plus tard, un autre événement frappait la population,  TÉMOIGNAGE  de M. Henri Dilly sur les événements du 16 juin 1944.

Propos recueilli par Josiane Cavignaux et Anne-Catherine Pécot le mercredi 5 avril 2023 au domicile de M. Dilly rue Pasteur.

« J’avais 11 ans en 1944 et j’habitais alors rue Jean Jaurès. Je devais faire ma communion le dimanche suivant. Le soir du16 juin, un avion, après avoir bombardé les gares de Lens et Avion a été touché par la DCA allemande et a lâché des bombes pour s’alléger et peut-être éviter le village ? L’une des bombes est tombée sur la ferme de ma grand-mère: Mme Marie Dilly Landru .C’était une ferme isolée rue Dégréaux à la sortie du village vers Vimy. Il n’y avait qu’une seule maison à cet endroit et elle a été touchée.
La famille avait l’habitude de se retrouver à la ferme pour la nuit pensant être plus à l’abri qu’à Angres ou ailleurs… Etaient présents : ma grand-mère, Tante Blanche, Cousin Louis, Oncle Marceau, sa femme Georgette enceinte et leur fille. La maison a été soufflée par l’explosion et tous les occupants sont décédés. 3 personnes, qui s’étaient éloignés pour voir les avions sont indemnes.

Fichier 5@2x
Les restes des 6 corps ont été rassemblés dans 4 cercueils installés à la mairie ( dans l’actuelle salle de la poste). Pendant la cérémonie, la place était noire de monde et le curé a dû interrompre l’offrande qui durait trop longtemps. Les cercueils ont été transportés au cimetière de Givenchy où ils reposent toujours. »
 TÉMOIGNAGE  recueilli par M. Ghienne
A la fin de l’année 1983, Monsieur Marius ABLIN décédait à la résidence Pierre Bolle d’Arras. C’était un charmant vieillard qui avait gardé l’esprit vif, des sentiments laïcs et de fidèles amitiés. J’ai eu le plaisir de le rencontrer voici 18 mois et je retranscris ici le témoignage qu’il a bien voulu me confier : “J’habitais à Givenchy en Gohelle, rue Marcel Sembat. J’avais épousé une fille de Givenchy (décédée en 1958) Madeleine Capron et nous logions à côté de la maison de mes beaux-parents. Le 13 juin 1944, une semaine juste après le débarquement, on était couchés. Il pouvait être entre 21h et 22h. Nous avions déjà eu beaucoup d’alertes. Tout d’un coup, ma belle-mère qui n’était pas couchée crie : “Marius ! Madeleine ! Levez-vous ! Il y a une alerte !” Elle voyait un avion en flammes arriver sur le village. Il avait passé au dessus de Lens. On s’est donc relevés avec les deux enfants (Paulette et Chantal) pour aller nous mettre à l’abri dans la cave de ma belle-mère qui était particulièrement solide, d’autant qu’elle avait été renforcée par les PTT (il y avait une cabine téléphonique). Tout à coup, on entend un bruit formidable, épouvantable. L’avion avait tenté d’atterrir dans le jardin. Mais il avait buté sur un talus de gravas de la guerre 14 et s’était retourné. Il avait perdu 15 bombes, des grosses bombes, en se retournant. Pas une n’a explosé sur le coup. Mais un incendie s’est déclaré et a provoqué l’explosion d’une bombe. Ma petite maison a été totalement soufflée, ratatinée. Je suis sorti vers 6h moins le quart pour aller au travail et j’ai été voir les ruines de ma maison. A peine étais-je parti que, à 6 heures du matin, une autre bombe explosait dans les décombres. Le drame a été fini. On en est tous sortis intacts. Il n’y a pas eu d’enterrement. Les Allemands qui étaient venus le jour de l’explosion nous avaient interdit l’approche des lieux. Ils ont enlevé les débris de l’appareil. Depuis cette date j’ai logé dans le groupe scolaire de Givenchy en Gohelle jusqu’à mon départ pour Arras. Je suis sûr que c’est la date du 13 juin. Je crois que ce jour-là les boches ont abattu 4 forteresses volantes : une à Ecurie, une aux Hochettes, une à Givenchy-en-Gohelle et une …je ne sais plus où. Il n’y a pas eu d’enterrement. D’ailleurs, à part le tronc, il n’y avait pas grand-chose à enterrer. Par la suite, une famille anglaise est venue reconnaître un corps à je ne sais plus quel détail. Il n’y a eu aucune cérémonie, ni à la mairie, ni à l’église. Je ne sais rien de plus.”

13 JUIN

1944

Quelques témoignages concernant les événements de Juin 1944 à Givenchy, racontés par les Givenchyssois

CRASH BOMBARDIER HALIFAX / GIVENCHY-EN-GOHELLE

 Les tombes à Givenchy

Les autres aviateurs sont inhumés dans le cimetière canadien de Leubringhem (62)

 Récupération du parachutiste par l’administration allemande
 TEMOIGNAGE  de l’aviateur qui a sauté en parachute
 TÉMOIGNAGE  de Marie et Pierre Huleux

Pierre a 4 ans en juin 1944 mais il se souvient d’un morceau d’avion et d’une bombe tombés dans la cave de M. Cuvelier. Une autre bombe s’était enfoncée dans le pignon de la maison de Marie. Le père de Pierre qui avait voulu s’approcher de l’épave à plusieurs reprises pour essayer de récupérer des choses a été menacé par les soldats allemands qui avait interdit à tous de s’en approcher.

Quelques jours plus tard, un autre événement frappait la population,  TÉMOIGNAGE  de M. Henri Dilly sur les événements du 16 juin 1944.

Propos recueilli par Josiane Cavignaux et Anne-Catherine Pécot le mercredi 5 avril 2023 au domicile de M. Dilly rue Pasteur.

« J’avais 11 ans en1944 et j’habitais alors rue Jean Jaurès. Je devais faire ma communion le dimanche suivant. Le soir du16 juin, un avion, après avoir bombardé les gares de Lens et Avion a été touché par la DCA allemande et a lâché des bombes pour s’alléger et peut-être éviter le village ? L’une des bombes est tombée sur la ferme de ma grand-mère: Mme Marie Dilly Landru .C’était une ferme isolée rue Dégréaux à la sortie du village vers Vimy. Il n’y avait qu’une seule maison à cet endroit et elle a été touchée.
La famille avait l’habitude de se retrouver à la ferme pour la nuit pensant être plus à l’abri qu’à Angres ou ailleurs… Etaient présents : ma grand-mère, Tante Blanche, Cousin Louis, Oncle Marceau, sa femme Georgette enceinte et leur fille. La maison a été soufflée par l’explosion et tous les occupants sont décédés. 3 personnes, qui s’étaient éloignés pour voir les avions sont indemnes.

Fichier 5@2x
Les restes des 6 corps ont été rassemblés dans 4 cercueils installés à la mairie ( dans l’actuelle salle de la poste). Pendant la cérémonie, la place était noire de monde et le curé a dû interrompre l’offrande qui durait trop longtemps. Les cercueils ont été transportés au cimetière de Givenchy où ils reposent toujours. »
 TÉMOIGNAGE  recueilli par M. Ghienne

A la fin de l’année 1983, Monsieur Marius ABLIN décédait à la résidence Pierre Bolle d’Arras. C’était un charmant vieillard qui avait gardé l’esprit vif, des sentiments laïcs et de fidèles amitiés. J’ai eu le plaisir de le rencontrer voici 18 mois et je retranscris ici le témoignage qu’il a bien voulu me confier : “J’habitais à Givenchy en Gohelle, rue Marcel Sembat. J’avais épousé une fille de Givenchy (décédée en 1958) Madeleine Capron et nous logions à côté de la maison de mes beaux-parents. Le 13 juin 1944, une semaine juste après le débarquement, on était couchés. Il pouvait être entre 21h et 22h. Nous avions déjà eu beaucoup d’alertes. Tout d’un coup, ma belle-mère qui n’était pas couchée crie : “Marius ! Madeleine ! Levez-vous ! Il y a une alerte !” Elle voyait un avion en flammes arriver sur le village. Il avait passé au dessus de Lens. On s’est donc relevés avec les deux enfants (Paulette et Chantal) pour aller nous mettre à l’abri dans la cave de ma belle-mère qui était particulièrement solide, d’autant qu’elle avait été renforcée par les PTT (il y avait une cabine téléphonique). Tout à coup, on entend un bruit formidable, épouvantable. L’avion avait tenté d’atterrir dans le jardin. Mais il avait buté sur un talus de gravas de la guerre 14 et s’était retourné. Il avait perdu 15 bombes, des grosses bombes, en se retournant. Pas une n’a explosé sur le coup. Mais un incendie s’est déclaré et a provoqué l’explosion d’une bombe. Ma petite maison a été totalement soufflée, ratatinée. Je suis sorti vers 6h moins le quart pour aller au travail et j’ai été voir les ruines de ma maison. A peine étais-je parti que, à 6 heures du matin, une autre bombe explosait dans les décombres. Le drame a été fini. On en est tous sortis intacts. Il n’y a pas eu d’enterrement. Les Allemands qui étaient venus le jour de l’explosion nous avaient interdit l’approche des lieux. Ils ont enlevé les débris de l’appareil. Depuis cette date j’ai logé dans le groupe scolaire de Givenchy en Gohelle jusqu’à mon départ pour Arras. Je suis sûr que c’est la date du 13 juin. Je crois que ce jour-là les boches ont abattu 4 forteresses volantes : une à Ecurie, une aux Hochettes, une à Givenchy-en-Gohelle et une …je ne sais plus où. Il n’y a pas eu d’enterrement. D’ailleurs, à part le tronc, il n’y avait pas grand-chose à enterrer. Par la suite, une famille anglaise est venue reconnaître un corps à je ne sais plus quel détail. Il n’y a eu aucune cérémonie, ni à la mairie, ni à l’église. Je ne sais rien de plus.”
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